Jacques Schmitt, resmusica.com
[…] Au terme de cette production, chacun se souviendra du flamboyant deuxième acte où la foule envahit le plateau dans la fête bruyante au Café Momus. Quelle débauche de costumes, quelles couleurs, quelle admirable manière de diriger les gens, les chœurs, les enfants, la fanfare défilant. Un spectacle remplissant la raison profonde du spectacle d’opéra : faire rêver.
Et chacun encore se souviendra du moment magique de l’ouverture du rideau sur le décor du troisième acte. Une scène recouverte de neige, les flocons tombant des cintres, sur une fond de scène évoquant des brouillards lointains. Quelle poésie! Le public, pourtant rompu à cet opéra, ne peut alors retenir un «Oh!» d’admiration devant cette étendue immaculée.
La seconde raison pour laquelle le public turinais se presse au Teatro Regio est la présence dans le rôle de Mimì de la soprano italienne Maria Agresta dont nos lignes avaient déjà loué le talent dans notre compte-rendu critique des «Vespri Siciliani» de Verdi en mars dernier. Totalement investie dans son personnage, elle fait une démonstration de chant à l’image des grandes Mimì de l’histoire. En l’entendant, on ne peut ne pas penser à Mirella Freni dont elle a la beauté du timbre alliée à la simplicité de l’expression vocale. D’entrée, son Mi chiamano Mimì la porte vers des sommets d’interprétation. On se régale. Et lorsqu’au troisième acte, elle prend congé de Rodolfo dans son air Donde lieta usci, quelle douceur en même
temps quel amour dans le susurrement de son Addio, senza rancor. Incontestablement, avec Maria Agresta, l’art lyrique s’honore de l’une de ses plus grandes artistes. […]